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27 octobre 2014, par Alain Lambert ——

Enrico Dindo et I Solisti Di Pavia magnifient Kapustin et Piazzolla

Enrico Dindo

Nikolaï Kapustin & Astor Pîazzolla, I solisti di pavia sous la direction d'Enrico Dindo. DECCA 2014 (DECCA 481 0758)

Très beau programme pour violoncelle et orchestre (en concert le 21 novembre à Paris, Salle Gaveau). Avec deux grands compositeurs, Nikolaï Kapustin et Astor Pîazzolla, qui ont marié avec brio et sincérité les musiques populaires et la musique dite classique et contemporaine, à la recherche d'une musicalité nouvelle.

Nikolaï Kapustin est né en 1937 en Ukraine. Elève de Alexandre Goldenweiser, l'un des fondateurs de l'école du piano russe, au conservatoire de Moscou, il a été de 1961 à 1972 le pianiste jazz du big band de Oleg Lunstrem, avec lequel il a d'ailleurs enregistré quelques unes de ses propres pièces.

Comme le français André Hodeir dès les années cinquante [voir notre chronique], sa double formation, classique et jazzistique l'amène à reconsidérer la relation complexe entre composition et improvisation : Je n'ai jamais été un musicien de jazz. Je n'ai jamais essayé d'être un vrai pianiste de jazz, mais j'y ai été contraint pour mes compositions. L'improvisation ne m'intéresse pas - et qu'est ce qu'un jazzman sans l'improvisation ? Toutes mes improvisations sont écrites, bien sûr, et sont ainsi devenues bien meilleures, cela les a améliorées.(cité dans le programme 2013 des concerts de Fribourg).

Son concerto no 2 pour violoncelle et cordes, achevé en 2002, montre bien cette fusion entre deux traditions, surtout dans le premier mouvement, où le solo de violoncelle, à peine amorcé, fait entendre un riff grave presque rock, avant de s'envoler avec une liberté quasi improvisée vers des phrasés jazzy, l'orchestre de cordes l'accompagnant parfois comme un big band. Les second et troisième  mouvements, tout aussi beaux, entre romantisme et contemporain, portés par le magnifique violoncelle d'Enrico Dindo, ombrageux et sinueux, s'achèvent dans  un double riff  tumultueux.

Astor Pîazzolla, ensuite, dans une exploration en profondeur très accomplie.

Dabord les Quatre saisons du port de Bueno Aires (il lui faudra six ans pour mettre cette seule année à quatre temps en musique entre 1964 et 1969), en résonance avec celles de Vivaldi. Même si elles s'inscrivent sur fond de  tango nuevo, mélange écrit de tango et de jazz créé par lui, et d'ambiance  nocturne, urbaine, avec effets percussifs et  glissendi  pîazzolliens, contraste féminin / masculin dans les couples et les cordes, et progression harmonique dramatique.

Le Grand Tango, écrit à l'origine pour violoncelle et piano, moins connu mais tout autant remarquable, est orchestré par Enrico Dindo.

Le final se fait en deux temps, l'émouvant Oblivion, orchestré par Jorge A. Bosso, comme les Saisons, et une variation tout aussi prenante, Ave Maria, orchestrée par le violoncelliste.

Comme dans les œuvres précédentes,  le violoncelle se mue au besoin en bandonéon et l'orchestre des solistes de Pavie, familier de toutes les approches musicales, murmure, swingue ou tangue sans retenue.

A découvrir aussi en concert le 21 novembre à 20h30 Salle Gaveau.

plume Alain Lambert
27 octobre 2014

Nikolaï Kapustin, concerto no 2 pour violoncelle et cordes. I Solisti di Pavia, Enrico Dindo, direction et soliste. Pavia, Teatro Fraschini, 7 février 2011.


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